Gender-Based Violence Research Program in Cameroon (GBV-RP)

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I-Description du projet

1-Contexte et justification 

La violence de genre est aujourd’hui identifiée comme l’une des formes de violence les plus courantes au Cameroun. Elle est l’expression la plus grave des inégalités de genre et une violation majeure des droits humains. Elle se produit à l’échelle du territoire national et à tous les niveaux de la société camerounaise, entraînant des coûts directs et indirects pour les individus, les familles, les communautés, l’économie, la santé publique, le développement et la sécurité humaine. Elle ne se limite pas seulement à la violence physique et comprend des mots, actions ou tentatives d’action visant à contrôler, humilier, intimider, contraindre, priver, menacer ou blesser une autre personne. Elle prend ainsi de nombreuses formes notamment physique, sexuelle, sociétale, pyschologique, numérique, émotionnelle, économique et spirituelle. La négligence, la discrimination et le harcèlement sont également d’autres formes de violence mais invisibilisées. Par ailleurs, à l’encontre de certaines idées reçues, les données empiriques montrent que, dans la majorité des situations, les violences sont perpétrées par une connaissance, un proche, voire un membre de la famille.

 La montée de l’insécurité urbaine et rurale, le terrorisme de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord depuis 2013, le conflit armé sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun depuis 2017, les déplacements forcés de la population, ont exacerbé le cycle de violence de genre. En outre, au fur et à mesure que les technologies numériques se perfectionnent, les violences sexistes facilités par la technologie se multiplient. Ce type de violence se manifeste prend de nombreuses formes : sextorsion, abus basés sur l’image, le revenge-porn, doxxing, cyberintimidation, cyberharcèlement sexuel et de genre, harcèlement en ligne, etc. Pour les auteurs de violence de genre, Internet semble devenir leur trame de prédilection : il leur permet de surveiller et de contrôler leurs cibles où qu’elles se trouvent dans le monde. Les victimes-survivantes ont cependant peu de recours contre les nombreuses formes de violences sexistes en ligne, y compris les menaces de préjudice, dont certaines sont souvent mises à exécution. Les effets de ces cyberviolences sur la santé mentale et physique, entre autres, contraint de nombreuses victimes-survivantes à quitter les espaces virtuels et à se taire.

 De la manière générale, la violence de genre a des répercussions sur tous les domaines de la santé des victimes-survivantes. Elle engendre également des effets sociaux et économiques qui peuvent s’étendre sur des générations et entraîner des cycles de violence au sein des familles et parfois des communautés entières. Bien qu’elle touche tout le monde au Cameroun, certaines populations subissent plus cette violence notamment les femmes, les filles et les enfants (en situation de handicap ou non). Cependant, ce phénomène fait l’objet d’une tolérance sociale et institutionnelle, d’un déni sociétal scandaleux, et les coupables bénéficient d’une impunité quasi systématique.

Ce phénomène social total reste encore largement sous-analysé tant dans la recherche universitaire que dans l’élaboration des politiques et des programmes alors qu’il se poursuit à un rythme alarmant. L’absence de données probantes entrave l’élaboration des politiques et la mise en œuvre de programmes de réponse et de prévention efficaces. Au regard de son ampleur et de ses multiples conséquences encore méconnues ou invisibilisées, il est indispensable de proposer une lecture pluridisciplinaire de ce fait social en contexte camerounais afin de le comprendre, de mieux le prévenir et de développer des solutions de prise en charge fondées sur les données probantes de même à accompagner les victimes-survivantes (et les auteurs).

2-Objectifs du GBV-RP

Le Gender–Based Violence Research Program (GBV-RP) a donc pour objectif d’entreprendre des activités de recherche, de formation et de transfert des connaissances sur la violence fondée sur le genre au Cameroun. Il s’agit de :

1-Contribuer au développement d’une recherche appliquée et interdisciplinaire en sciences humaines et sociales sur la violence fondée sur le genre.  

2-Construire des preuves : c’est-à-dire collecter des données probantes et diffuser de nouvelles connaissances indispensables à l’élaboration des politiques et des interventions plus efficaces et de meilleure qualité.

3- Renforcer les capacités de recherche et de pratique de qualité et pertinentes pour les politiques.  

4-Influencer le changement : c’est-à-dire de maximiser l’utilisation de la recherche pour les politiques publiques et les programmes sur les questions liées à la prévention de la violence fondée sur le genre et pratiques néfastes.

3-Importance du programme

Le GBV-RP aura des retombées importantes sur le plan scientifique, de renforcement des capacités et sur les politiques publiques :   

Sur le plan de recherche scientifique, ce programme contribuera à l’avancement des connaissances sur la violence fondée sur le genre. Il offrira de nouveaux savoirs rigoureux, innovants et pertinents sur les enjeux de la violence fondée sur le genre et les inégalités sexistes, et une base de données nationale qui soutiendra les politiques et les programmes et stratégies efficaces. La nature appliquée et interdisciplinaire de nos recherches favorisera le développement de connaissances qui contribuent au changement social, pour promouvoir des pratiques favorisant la justice sociale et des rapports plus égalitaires entre les groupes d’acteurs sociaux ainsi que l’amélioration des politiques publiques.  

Sur le plan de renforcement des capacités, les organisations de la société civile et d’autres acteurs du champ de la lutte contre la violence fondée sur le genre, verront leurs capacités accrues par l’accès à des données probantes désagrégées et des connaissances solides pour mieux bâtir leur plaidoyer et interagir avec les pouvoirs publics pour exiger des politiques, stratégies et programmes de prévention et de lutte contre la violence.

Ce programme permettra de constituer progressivement un réseau de chercheurs qui saura travailler dans l’interdisciplinarité. L’un des objectifs poursuivis par l’IGED est ainsi de stimuler la recherche sur les enjeux d’égalité, de VBG et de handicap en Afrique en général et au Cameroun en particulier.  

Sur le plan des politiques publiques, ce programme mettra à la disposition des acteurs publics et privés impliqués dans la lutte contre la violence fondée sur le genre, des connaissances nouvelles leur permettant de développer des stratégies et politiques fondées sur des preuves et des données probantes. En outre, au-delà des publications scientifiques, des livrets de restitution seront destinés à la société politique ou institutionnelle. Les différents livrets publiés seront envoyés à l’ensemble d’acteurs associatifs et institutionnels intervenant dans la lutte contre la violence fondée sur le genre.

4-Méthodologies du GBV-RP

Pour réaliser des recherches rigoureuses, sûres et éthiques susceptibles de créer de nouvelles connaissances, le GBV-RP utilise une gamme de méthodologies, notamment la recherche action participative fondée sur le féminisme, les approches intersectionnelles, les méthodes ethnographiques, quantitatives et qualitatives. Ces méthodologies sont heuristiques pour rassembler les données probantes et fournir des recommandations utiles pour éclairer les politiques et les programmes. Le GBV-RP privilégie également les recherches collaboratives et intersectorielles. 

5-Axes de recherche

L’analyse de la littérature académique et institutionnelle existante et aussi la compilation des données empiriques a permis d’identifier une multitude de lacunes dans le domaine de recherche sur la violence de genre au Cameroun, ce qui a guidé l’identification de neuf axes de recherche à titre indicatif, sur lesquels se concentrera ce programme :

Axe 1-Comprendre la violence fondée sur genre et les pratiques néfastes 

Axe 2- Comprendre les féminicides

Axe 3- Comprendre la violence fondée sur genre facilitée par la technologie

Axe 4 : Intervention de prévention et en réponse à la violence fondée sur le genre  

Axe 5 : Attitudes de la population à l’égard de la violence fondée sur le genre

Axe 6 : Les réactions sociales ou sociétales à la violence fondée sur le genre

Axe 7 : Violence fondée sur le genre et accès à la justice pour les victimes 

Axe 8 : Le dévoilement de la violence fondée sur le genre/ l’importance au soutien informel des victimes.

6-SORTIES 

Le projet devrait produire plusieurs résultats : des notes d’information sur l’état de la recherche ; des rapports d’étude, des articles de vulgarisation scientifique, des ouvrages collectifs ; et des conseils techniques, fondés sur les résultats empiriques du projet, pour aider les praticiens dans leurs efforts de conception et de mise en œuvre de programmes efficaces de prévention, de protection et de prise en charge des victimes de violence fondée sur le genre.

7-Equipe de recherche 

Le GBV-RP est porté par des jeunes chercheurs et praticiens de l’Institut of Gender Equality and Disability issues de différentes disciplines, notamment des sciences humaines et sociales. La pluri-et l’interdisciplinarité des recherches et activités menées permettront de soutenir des réflexions partagées et croisées, nourries de la complémentarité (et parfois des divergences) et de cadres théoriques, conceptuels, méthodologiques ou applicatifs différents.     

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