Valoriser les savoirs locaux sur les espèces négligées et sous-utilisées et de leur potentiel pour une transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables au Cameroun

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I-Description du projet

I-Description du projet

Selon la FAO, il y a plus de 6000 plantes comestibles, mais seules 200 contribuent à alimenter les humains et seulement 9 plantes représentent les deux-tiers des récoltes du monde. En effet, les systèmes alimentaires mondiaux sont dominés par trois espèces céréalières (le blé, le maïs et le riz) seulement. Ces espèces fournissent 50% des calories d’origine végétale que nous consommons et occupent 40% des terres arables de la planète (FIDA, 2022). Le Cameroun, souvent considéré comme le « grenier agricole de l’Afrique centrale », connaît une dépendance croissante aux importations des produits alimentaires de grande consommation (poissons, riz, sucres, blé, lait, produits pharmaceutiques et autres) (Institut National de la Statistique, 2017 ; MINEPAT, 2024). Malgré un potentiel agricole important, cette dependence aux importations des produits alimentaires de grande consommation entraîne une charge importante sur sa balance commerciale (MINEPAT, 2024).

Au cours de ces dernières décennies, les systèmes alimentaires locaux se détériorent. La biodiversité alimentaire, la résilience aux conditions climatiques défavorables, les traditions alimentaires coutumières, et la relation spirituelle avec la nature sont menacées sous l’effet de l’intensification de l’agriculture, l’utilisation excessive d’intrants de synthèse, et l’adoption des habitudes alimentaires étrangères sous l’effet de la mondialisation, entre autres défis. Ces changements engendrent l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ; de carences en micronutriments et d’obésité ; de vulnérabilité des systèmes alimentaires locaux ; ainsi que des systèmes alimentaires inéquitables et dépendants du marché dans lesquels le patrimoine culturel alimentaire traditionnel est peu valorisé.

Une solution à ce problème réside dans l’une des ressources cachées de l’agriculture : Il s’agit des « espèces négligées ou sous-utilisées » (NUS) dont la contribution aux systèmes alimentaires durables est fortement sous-évaluée en raison d’un manque général de connaissances et d’informations. Elles sont adaptées aux conditions locales et nécessitent moins d’intrants externes et économiques que les cultures de base. Nombre d’entre elles se développent dans des zones isolées, sur des sols arides ou des terres considérées comme impropres à d’autres usages. Elles constituent de ce fait un élément important des stratégies d’adaptation aux changements climatiques et sont économiquement viables pour les petits producteurs. En outre, de nombreuses espèces négligées ou sous-utilisées recèlent une haute valeur nutritive et sont riches en micronutriments et en composés bioactifs (IFAD, 2021). Elles font partie intégrante du patrimoine culturel des communautés et sont largement insérées dans les régimes alimentaires traditionnels. L’essor de certaines NUS sur les marchés, que ce soit au niveau local, national ou régional, montre qu’elles peuvent générer des revenus pour les communautés locales qui disposent des connaissances nécessaires pour les cultiver, les utiliser et les transformer. Toutefois ces espèces sont menacées et avec elles les savoirs locaux qui les accompagnent ainsi que la culture et les compétences des gardiens de ces aliments. Il est alors temps de veiller à ce que ces savoirs soient documentés, préservés et transmis aux générations futures afin de sauvegarder l’agrobiodiversité.

Ce projet de recherche-action offre l’opportunité de mettre à jour les connaissances et informations sur les espèces négligées et sous-utilisées, afin de valoriser leur potentiel dans la sauvegarde du patrimoine culturel, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la conservation de la biodiversité agricole, le renforcement de la résilience face aux changements climatiques, la lutte contre l’appauvrissement des sols et la création des systèmes agricoles durables et l’autonomisation des femmes et des jeunes. Il vise à :

  • Identifier la liste des NUS ainsi que leur potentiel, fondée sur une démarche participative ;
  • Identifier, documenter et sauvegarder les savoirs locaux sur les NUS selon une démarche communautaire ou participative ;
  • Sensibiliser, informer et former les communautés/ acteurs locaux pour une prise de conscience sur les avantages des NUS.

Trois principaux résultats sont attendus :

  • Résultat 1 : Connaissances et informations sur les NUS disponibles  

Activités : Cartographie des espèces négligées et sous-utilisées (NUS) fondée sur une démarche participative

Cette activité dressera une liste exhaustive d’espèces négligées et sous-utilisées constituée des légumes, des légumineuses, des racines et tubercules, des fruits, dans les différentes régions, en tenant compte de leur potentiel. La démarche intègre une approche genre car, les femmes, en particulier, sont souvent les gardiennes et les principales détentrices des savoirs relatifs aux espèces négligées et sous-utilisées étant donné l’importance de ces dernières en matière de nutrition et de moyens d’existence.

Livrables : Fiches des espèces négligées et sous-utilisées

  • Résultat 2 : Les savoirs locaux et autochtones sur l’agrobiodiversité et les NUS sont documentés, sauvegardées et transmises aux générations futures

Activités :  Enquêtes sociologiques sur les savoirs locaux et autochtones sur les NUS selon une méthodologie de recherche communautaire ou participative. 

Livrables : Fiches et articles des savoirs locaux sur les NUS

  • Résultat 3 : Les communautés et acteurs locaux sont sensibilisés, informés et formés sur les NUS

Activités : campagnes de communication et de sensibilisation + ateliers de formation sur les NUS auprès des communautés/ acteurs locaux

Livrables : Vidéo ciblée sur les communautés locales -Affiches de promotion des espèces NUS s’adressant aux communautés/acteurs locaux- articles dans la presse- éventuelles images/ courtes vidéos -brochures de promotion des NUS – ateliers de formation, etc.

L’impact de ce projet se fera sentir par sa contribution à favoriser une prise de conscience sur le potentiel et une utilisation plus large des NUS. Cet objectif sera atteint grâce à la production des connaissances, des campagnes de sensibilisation du public, une meilleure information et une meilleure formation, qui aideront les populations et les communautés à réaliser les avantages que la promotion des NUS peut apporter à la préservation de leurs savoirs locaux qui disparaissent rapidement.

Les résultats visent également à fournir des données probantes susceptibles d’éclairer l’élaboration de politiques nationales et locales qui reconnaissent la valeur et l’importance des NUS en vue de favoriser la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires locaux durables et résilients.

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